Au cœur de Stratford-upon-Avon, niché dans les paisibles murs de l'église Holy Trinity, se trouve un hommage à l'un des plus grands écrivains de l'histoire : William Shakespeare. Ce monument funéraire, chef-d'œuvre de l'artisanat du début du XVIIe siècle, témoigne de l'héritage durable du Barde et offre un aperçu fascinant de la vénération que lui portaient ses contemporains.
Le monument funéraire de Shakespeare est un exemple exquis du style Renaissance jacobéen. Construit en calcaire bleu pâle, il est monté sur le mur nord du chœur de l'église, l'endroit même où Shakespeare a été baptisé puis inhumé. Le monument est traditionnellement attribué à Gerard Johnson, bien que certains chercheurs suggèrent qu'il pourrait avoir été créé par son frère, Nicholas Johnson, et peut-être même modelé d'après nature.
L'élément central du monument est une demi-figure de Shakespeare, représenté dans une pose contemplative, tenant une plume dans une main et un morceau de papier reposant sur un coussin dans l'autre. Cette représentation est l'une des deux seules largement acceptées comme dépeignant fidèlement l'apparence de Shakespeare. À l'origine, le pourpoint boutonné était peint en écarlate, la robe ample en noir, les yeux en noisette, et les cheveux et la barbe en auburn. Au fil du temps, le monument a été retouché et repeint, notamment en 1793 lorsqu'il a été entièrement peint en blanc, un changement qui a ensuite été inversé pour restaurer ses couleurs d'origine.
Au-dessus de l'effigie de Shakespeare, le monument est orné d'un travail de sangles complexe et d'un bouclier héraldique affichant les armoiries de la famille Shakespeare. Flanquant le bouclier, deux figures allégoriques : le Travail, tenant une bêche, et le Repos, tenant une torche inversée et un crâne. Ces figures symbolisent la dualité de l'existence humaine et l'équilibre entre le travail et le repos, un thème souvent exploré dans les œuvres de Shakespeare.
Le monument est également embelli de deux colonnes de marbre noir poli soutenant l'entablement et les armoiries. Les deux putti et le crâne sont sculptés dans du grès, tandis que les chapiteaux et les bases des colonnes sont dorés. Les architraves, la frise et la corniche, initialement en albâtre blanc veiné de rouge, ont été remplacés par du marbre blanc lors d'une restauration en 1749. L'effigie et le coussin sont sculptés dans un seul bloc de calcaire bleuâtre de Cotswold, mettant en valeur l'habileté et l'attention aux détails du sculpteur.
Sous l'effigie, le monument présente une épitaphe en latin et un poème en anglais. L'épitaphe latine se lit comme suit :
IVDICIO PYLIVM, GENIO SOCRATEM, ARTE MARONEM,
TERRA TEGIT, POPVLVS MÆRET, OLYMPVS HABET
Ce qui se traduit par Un Pylien en jugement, un Socrate en génie, un Maron en art, comparant Shakespeare à Nestor, Socrate et Virgile. La deuxième ligne se traduit par La terre l'enterre, le peuple le pleure, l'Olympe le possède, signifiant son héritage immortel.
Le poème anglais sous l'épitaphe latine appelle les passants à honorer la grandeur de Shakespeare, suggérant que ses œuvres littéraires surpassent même l'art du sculpteur. Sous le poème, une inscription en plus petites lettres fournit les détails de la mort de Shakespeare :
OBIIT AŃO DOI 1616
ÆTATIS٠53 DIE 23 APR.
Cela indique que Shakespeare est décédé en 1616 à l'âge de 53 ans le 23 avril.
Au fil des siècles, le monument a subi plusieurs restaurations. En 1748-49, le pasteur Joseph Greene a dirigé une restauration financée par la première représentation connue d'une pièce de Shakespeare à Stratford. La figure a été nettoyée et les couleurs d'origine ont été ravivées. En 1793, Edmond Malone a persuadé le vicaire de peindre le monument en blanc, un changement qui a ensuite été inversé en 1861 pour restaurer ses teintes originales.
En 1973, le monument a subi des dommages mineurs lorsque des intrus ont tenté de retirer la figure, probablement à la recherche de manuscrits cachés supposés. Malgré ces défis, le monument a été soigneusement entretenu, assurant qu'il reste un hommage digne au Barde.
Tout au long de son histoire, le monument a reçu des avis mitigés. Certains critiques, comme Thomas Gainsborough, ont rejeté le buste en le qualifiant de chose souriante ridicule, tandis que J. Dover Wilson a comparé l'effigie de Shakespeare à un boucher de porc satisfait. Cependant, d'autres, comme Schoenbaum, considèrent le monument comme un exemple typique du style Renaissance jacobéen, et Spielmann soutient que sa simplicité est appropriée pour une sculpture sépulcrale dans une église.
Malgré ces opinions variées, le monument funéraire de Shakespeare reste un lieu de pèlerinage essentiel pour les amoureux de la littérature et les passionnés d'histoire. Il se dresse non seulement comme un mémorial à un génie littéraire, mais aussi comme un symbole de l'impact durable des œuvres de Shakespeare sur le monde.
En vous tenant devant ce monument remarquable, prenez un moment pour réfléchir à la vie et à l'héritage de William Shakespeare. Ses mots ont transcendé le temps, et ce monument sert de rappel poignant de l'homme derrière les chefs-d'œuvre. Que vous soyez un érudit shakespearian dévoué ou un admirateur occasionnel, le monument funéraire de Shakespeare à Stratford-upon-Avon est une destination incontournable qui offre une connexion profonde à l'héritage durable du Barde.
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