Fort de Bron

Situé dans la commune de Bron, à quelques kilomètres de la ville animée de Lyon, se trouve le Fort de Bron, un édifice militaire historique. Ce fort imposant témoigne de la riche histoire militaire de la France et de son ingéniosité stratégique, offrant aux visiteurs un aperçu captivant du passé.

Les Origines du Fort de Bron

L'histoire du Fort de Bron commence après la guerre franco-prussienne de 1870. Suite au traité de Francfort qui a mis fin à la guerre, la France se trouvait dans une position défensive précaire, ayant perdu les régions de l'Alsace et une partie de la Lorraine. En réponse, le gouvernement français a entrepris de fortifier ses frontières et de protéger des villes clés, dont Lyon. C'est dans ce contexte que la construction du Fort de Bron a été lancée.

Entre 1875 et 1877, sous les ordres du général de Cissey, le fort a été construit par l'entrepreneur Jean Claret. La pierre utilisée pour sa construction provenait des Monts d'Or et des carrières de Trept, ce qui a donné lieu à une structure robuste et imposante. Le fort faisait partie d'un réseau défensif plus large incluant d'autres forts comme Vancia, Feyzin, et Mont Verdun, tous conçus pour protéger Lyon des menaces potentielles à l'est.

L'Importance Stratégique du Fort de Bron

Perché à une altitude de 212 mètres sur une colline à Bron, le fort était stratégiquement positionné pour dominer les plaines environnantes et offrir une vue dégagée jusqu'au Rhône et au-delà. Son emplacement permettait de couvrir des zones clés telles que Décines, Chassieu, et Saint-Priest, créant ainsi une barrière protectrice autour de Lyon.

La conception du fort reflète son objectif défensif. Il présente une disposition polygonale entourée d'un fossé circulaire profond, allant de 6 à 8 mètres de profondeur et de 12 à 14 mètres de largeur. Ce fossé était défendu par des caponnières, garantissant que tout ennemi approchant ferait face à une résistance redoutable. Les différents bâtiments du fort, dont certains sont enterrés sous des masses de terre, occupaient une superficie totale de 1 500 mètres carrés et pouvaient abriter jusqu'à 841 hommes en temps de guerre.

Armement et Installations

Le Fort de Bron était lourdement armé pour repousser tout attaquant potentiel. Son artillerie comprenait 17 canons sur le cavalier, 13 sur l'enceinte inférieure, 10 canons légers pour la défense du fossé, et 5 mortiers, totalisant 45 pièces d'artillerie. Ces armes avaient une portée impressionnante, capable d'atteindre des cibles jusqu'à 6 kilomètres, portée qui a été étendue à 8 kilomètres en 1880 grâce à l'introduction des canons Bange.

Le fort n'était pas seulement une forteresse militaire mais aussi une communauté autosuffisante. Il abritait 841 personnes, dont 1 commandant de fort, 17 officiers, 39 sous-officiers, et 784 soldats. Le fort hébergeait également une douzaine de chevaux, essentiels pour le transport et la logistique. Les officiers et sous-officiers résidaient dans les casernes du parados, tandis que les soldats étaient logés dans les casernes du cavalier, avec 56 soldats par chambre.

Pour soutenir ses habitants, le fort était équipé de deux cuisines, d'une boulangerie, d'un puits, d'une citerne, de latrines, d'une forge, et de lieux de stockage. La boulangerie nécessitait à elle seule une réserve de 69 400 kilogrammes de farine. L'eau provenait d'un puits qui puisait dans la nappe phréatique à une profondeur de 37 mètres, fournissant 50 mètres cubes d'eau par jour, stockés dans une citerne de 13 mètres cubes pour les urgences. L'éclairage était assuré par des lampes à huile, des bougies, et des puits de lumière, garantissant que le fort restait opérationnel même dans les moments les plus sombres.

De Forteresse Militaire à Site Culturel

Malgré son design impressionnant et son importance stratégique, le rôle militaire du Fort de Bron fut de courte durée. Les avancées technologiques en matière d'artillerie ont rapidement rendu ce type de fort obsolète. Pendant la Première Guerre mondiale, le fort a servi de caserne et de dépôt, et pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été utilisé par les Allemands comme prison. L'armée française a continué à utiliser le fort jusqu'en 1962, date à laquelle il a été désaffecté en 1963.

En 1975, le Grand Lyon a acheté le fort et a réutilisé certaines parties pour un usage civil, y compris la construction de deux réservoirs d'eau. Bien qu'il y ait eu des propositions pour transformer les fossés du fort en décharge publique, ces plans ont finalement été abandonnés. Au lieu de cela, le fort a trouvé une nouvelle vie en tant qu'espace culturel et récréatif.

Aujourd'hui, le Fort de Bron est géré par l'Association du Fort de Bron, créée en 1982. L'association organise des visites guidées gratuites le premier dimanche de chaque mois, participe aux Journées du Patrimoine, et accueille une grande exposition artisanale chaque octobre. Le fort abrite également un musée dédié à l'histoire de l'aviation et à la documentation aéronautique, offrant aux visiteurs un mélange unique d'histoire militaire et d'aviation.

Attractions Modernes

Une des attractions les plus populaires du fort est la Biennale du Fort de Bron, un événement théâtral organisé tous les deux ans. Pendant deux mois, une troupe de théâtre investit le fort, le transformant en scène pour des performances captivantes. En 2009, l'événement a attiré près de 17 000 spectateurs, et en 2011, il a attiré 15 000 visiteurs. Bien que la biennale ait été interrompue en 2015, le fort continue de servir de lieu pour divers événements culturels, tournages de films, et plus encore.

En conclusion, le Fort de Bron n'est pas seulement un vestige du passé militaire de la France mais aussi un site culturel dynamique qui continue d'évoluer et de captiver les visiteurs. Son histoire riche, son architecture impressionnante, et ses attractions modernes en font une destination incontournable pour quiconque explore la région lyonnaise.